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Erwin SCHRODINGER (1887 - 1961) - Parrain de la Promotion ESEO 2023-2028

Portraits d'Ingénieurs

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05/10/2023

Physicien et penseur autrichien de haute valeur, Erwin Schrödinger est bien connu comme étant l’homme d’une équation qui a eu beaucoup de succès en son temps (celle de Bohr, d’Einstein, de Planck et de tant d’autres) ; il est aussi l’auteur d’une ‘’expérience par la pensée’’, celle du fameux chat enfermé dans une boîte noire (« Le chat de Schrödinger »), qui suscite toujours aujourd’hui débats, discussions et passions ! 

Né le 12 août 1887 à Vienne Erwin est le fils unique de Rudolf et Georgina Schrödinger. De santé un peu fragile, son père, homme cultivé et très ouvert, lui sert de précepteur. A onze ans, Erwin est élève au prestigieux Gymnasium Académique de Vienne (sorte d’école primaire et secondaire) et là, il se révèle très brillant, toujours classé premier loin devant les autres. 

Au cours de ces études-là et de celles qui suivront, Erwin s’intéresse à la philosophie grecque et aux philosophies de l’Inde. Il entre à l’Université de Vienne en 1907 et suit des cours de Physique, cours alors dispensés par des scientifiques de haut niveau international, mais suit aussi des cours de philosophie grecque, d’hindouisme et de bouddhisme. Il n’arrive pas à se départager entre ces deux domaines et ce sera ainsi durant toute sa vie ! Il obtient néanmoins son doctorat de Physique théorique à l’Université de Vienne en 1910. 

En 1914, il obtient une habilitation d’enseigner, puis part aussitôt au front. La Guerre mondiale finie, il enseigne à Vienne, puis à Breslau et enfin à Zurich où il succède à Albert Einstein, tout en s’intéressant au questionnement philosophique. Galant dandy, épicurien de nature, solitaire et un peu secret, il épouse en 1920 une jeunette de 17 ans, Anne-Marie Bertel, tout en fréquentant d’autres femmes dont il apprécie la compagnie sans se sentir partagé ni gêné. On retrouve là cette même ambivalence qu’il a pour la Physique et pour la Philosophie. A Zurich, hormis des travaux personnels sur la philosophie du Vedanta, il ne fait rien d’intéressant ou d’important. Mais en 1925, à la lecture de la thèse de Physique du Français Louis de Broglie sur la ‘’Dualité onde-corpuscule’’ soutenue en 1924, il se prend de passion pour cette hypothèse audacieuse de de Broglie et se remet au travail et fournit coup sur coup six articles sur la Mécanique des Ondes de de Broglie. L’un de ces articles traite d’une équation, appelée depuis « Equation de Schrödinger », qui est une équation aux dérivées partielles régissant les variations spatio-temporelles d’une fonction de l’onde associée à l’«état » (quantique) d’une particule, la fonction Y (1). Cette équation purement phénoménologique et non-relativiste, fournit pour le cas des atomes et molécules des résultats tout à fait conformes aux observations expérimentales en Physique atomique. Cela a été un beau succès scientifique. Par la suite P.A.M. Dirac, un Anglais, l’a aussiôt étendue à des cas relativistes, mais cela ne s’est pas du tout arrêté là. Une nouvelle Physique est née, puis s’est développée de manière foudroyante, sous le nom de Mécanique Quantique. 

En 1934, Erwin est invité à Princeton, aux USA, où il donne une série de conférences puis retourne en Autriche en 1936. En 1935, il imagine une expérience par la pensée, le « paradoxe du chat », qui met en évidence la fracture entre le monde quantique où un objet peut se trouver dans plusieurs «états» quantiques possibles(2) (‘chat mort’ ET ‘chat non-mort’ en même temps) et le monde macroscopique déterministe.

A l’arrivée du Nazisme en 1938, qu’il ne peut supporter (bien que non juif), il se rend aux universités de Gand puis d’Oxford via un passage par l’Italie. En 1940, Erwin reçoit une invitation, qu’il accepte, pour fonder l’Institut d’Etudes Avancées à Dublin. Il se voit attribuée la nationalité irlandaise et reste à Dublin 17 ans avant de revenir à Vienne finir sa carrière. Là, il meurt de la tuberculose le 4 janvier 1961. Il a alors 73 ans. 

Schrödinger ne s’intéressait pas qu’à la physique. Il s’est beaucoup imprégné des œuvres philosophiques de Kant, Schopenhauer et Mach notamment. De Mach, il hérite de la doctrine du « monisme(3)» et de Schopenhauer la doctrine de l’«Identité des Upanishads(4)». D’eux proviennent ses profondes réflexions sur l’objectivation : les mêmes « éléments » forment le matériau de construction dont sont faits à la fois le « moi » et le « monde extérieur » (ce qui lui fait dire, entre autres choses, que la présence de l’instrument de mesure et/ou de l’opérateur ‘’perturbe’’ la mesure.). Il s’est également intéressé à de nombreux sujets comme l’entropie et l’origine de la vie. Par exemple, l’un de ses livres Qu’est-ce que la vie ? paru en 1944 a exercé une influence non négligeable sur de jeunes biologistes de son époque puisqu’il prévoyait, bien avant la découverte de la structure de l’ADN en 1965, l’existence d’un code biochimique universel. Outre cet ouvrage, il a publié plusieurs autres œuvres philosophiques de qualité, tant sur la métaphysique du ‘’moi’’ que sur l’épistémologie des sciences.


Membre de nombreuses Académies dont notamment l’Académie Royale de Londres et l’Académie Pontificale des Sciences à Rome, il a été honoré de plusieurs récompenses dont le prestigieux Prix Nobel de Physique en 1933 qu’il a partagé avec P.A.M.Dirac.


Mais il convient de souligner que c’est l’impressionnante fécondité théorique de l’expérience de pensée (dite « du chat de Schrödinger ») qui a permis une exploration systématique des hypothèses sous-jacentes de la Physique Quantique, exploration qui n’est pas achevée à ce jour. Témoins les très belles et très délicates expériences sur l’« Intrication quantique » réalisées par le physicien français Alain Aspect qui lui a valu un Prix Nobel bien mérité en 2022.  Ainsi, de par la profondeur de ses réflexions scientifiques et philosophiques Erwin Schrödinger est bien reconnu de nos jours comme étant l’un des Pères fondateurs de la Physique Quantique contemporaine. 

 

M. Fresneau, Mai 2023

 

  1.  : Max Born a, par la suite, donné à cette fonction d’onde Y (lire ‘’psi’’) une interprétation à base de probabilités : le carré de cette fonction est lié à la probabilité de présence de cette particule en un point de l’espace. Cela annonce déjà la fin d’un certain déterminisme en Physique. 
  2. : Un chat est un être macroscopique loin d’être suffisamment microscopique pour avoir des  « états » quantiques ! Cela a évidemment fait l’objet des longues discussions ultérieures….
  3. : Monisme : doctrine selon lequel le monde est formé d’une seule substance qui n’est ni   matérielle ni spirituelle. 
  4.  : Hymnes métaphysiques hindous du VIIème siècle avant notre ère révélant l’existence d’une harmonie des esprits et d’une pluralité des consciences. 


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